Un effort de guerre
Le gouvernement Trudeau annonce des mesures directes de 27 milliards pour soutenir les travailleurs et les familles
OTTAWA — Aux grands maux, les grands remèdes : le premier ministre Justin Trudeau a annoncé mercredi un plan d’aide costaud afin de soutenir les travailleurs qui perdent leur emploi, les familles qui sont condamnées à l’isolement et les entreprises qui voient leur chiffre d’affaires fondre comme neige au soleil alors que la pandémie de la COVID-19 provoque des turbulences économiques sans précédent.
Les mises à pied ayant déjà commencé, le gouvernement Trudeau met sur la table diverses mesures d’aide directe de 27 milliards de dollars aux familles et aux travailleurs touchés par la crise.
En outre, Ottawa accorde une marge de manœuvre financière équivalant à 55 milliards de dollars aux contribuables et aux entreprises en reportant le paiement des impôts. La date limite pour transmettre les déclarations de revenus est reportée jusqu’au 1er juin, tandis que l’on reporte après le 31 août 2020 le paiement de tout montant d’impôt sur le revenu qui devient exigible entre aujourd’hui et septembre 2020.
Résultat : le remède de cheval qu’administre le gouvernement Trudeau pour stabiliser l’économie canadienne dans ce qui a pris l’allure d’un mini-budget totalise 82 milliards de dollars et représente plus de 3 % du PIB du pays.
« Aujourd’hui, on annonce un plan pour aider les gens. On se concentre sur les besoins les plus pressants, mais comme je le dis depuis le début, notre réponse évoluera au fur et à mesure que la situation évoluera. »
— Le premier ministre Justin Trudeau
« Peu importe ce que l’avenir nous réserve, les Canadiens peuvent compter sur nous. Notre travail, c’est de vous appuyer. C’est de vous donner un coup de pouce lorsque vous en avez le plus besoin. Et c’est ce qu’on fait avec les mesures qu’on a annoncées jusqu’à date, et c’est ce qu’on va continuer à faire », a-t-il ajouté.
Ainsi, le gouvernement Trudeau met sur pied une allocation pour soins d’urgence pouvant atteindre 900 $ toutes les deux semaines. Cette allocation sera offerte pour une période maximale de 15 semaines et permettra de fournir un soutien financier aux travailleurs qui doivent rester à la maison et qui n’ont pas de congés de maladie payés. Selon les calculs d’Ottawa, cette mesure permettra de verser 10 milliards de dollars en soutien aux Canadiens.
En outre, le gouvernement accordera une aide supplémentaire aux familles avec enfants en augmentant temporairement les versements de l’Allocation canadienne pour enfants. Cette mesure permettra d’apporter un soutien supplémentaire de près de 2 milliards de dollars.
Parmi les autres mesures importantes, Ottawa compte :
• mettre sur pied une Allocation de soutien d’urgence aux travailleurs qui ne sont pas admissibles à l’assurance-emploi et qui risquent de perdre leur emploi. La nouvelle allocation sera versée par l’intermédiaire de l’Agence du revenu du Canada (5 milliards de dollars) ;
• fournir une aide supplémentaire aux personnes et aux familles à revenu faible ou modeste grâce à un versement complémentaire spécial du crédit pour la TPS dès le mois de mai (5,5 milliards de dollars) ;
• supprimer, pendant au moins six mois, la période d’attente obligatoire d’une semaine visant les prestations de maladie de l’assurance-emploi pour les travailleurs mis en quarantaine ou qui ont reçu la directive de s’isoler. L’obligation de fournir un certificat médical pour avoir accès aux prestations de maladie sera aussi supprimée ;
• offrir aux petites entreprises admissibles une subvention salariale équivalant à 10 % des salaires pendant les 90 prochains jours, et ce, jusqu’à concurrence de 1375 $ par employé et de 25 000 $ par employeur ;
• offrir une plus grande souplesse aux prêteurs pour qu’ils puissent reporter les paiements hypothécaires associés aux prêts hypothécaires assurés par le gouvernement pour les emprunteurs qui vivent des difficultés financières à cause de la pandémie. Les assureurs permettront aux prêteurs d’autoriser le report des paiements dès maintenant.
Le ministre des Finances Bill Morneau a aussi confirmé, plus tard en conférence de presse en compagnie du gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, qu’Ottawa allait modifier les conditions de retrait minimum de 25 % des fonds enregistrés de revenu de retraite (FERR) pour 2020 à cause de la chute importante des marchés financiers. Et il a aussi indiqué qu’on imposait un moratoire de six mois, sans intérêt, sur le remboursement des prêts d’études canadiens pour toutes les personnes qui sont en train de rembourser ces prêts.
Devant les journalistes, Bill Morneau a indiqué que ces nombreuses mesures auront un effet important sur la taille du déficit du gouvernement fédéral. Mais il a réitéré que le Canada disposait d’une marge de manœuvre enviable par rapport à tous les pays du G7 et que sa seule préoccupation à l’heure actuelle était de rassurer les Canadiens quant à leur sécurité financière.
« Nous vivons une période extraordinaire qui exige des mesures extraordinaires. Malgré le climat d’incertitude, le gouvernement du Canada fera tout ce qu’il faut pour protéger la santé des Canadiens, offrir un soutien aux familles et aux entreprises et maintenir la vigueur de notre économie », a-t-il avancé.
Il a ajouté que d’autres mesures seront nécessaires pour relancer l’économie canadienne. Ces mesures seront annoncées dans le prochain budget qu’il déposera à la Chambre des communes d’ici quelques semaines.
Session d’urgence des Communes
Entre 20 et 30 députés seront rappelés d’urgence au Parlement au cours des prochains jours afin d’adopter le train de mesures proposées par le gouvernement Trudeau, notamment les changements au programme d’assurance-emploi. Ces députés viendront essentiellement de l’Ontario et du Québec, et n’auront pas à prendre l’avion pour revenir dans la capitale fédérale. Ils représenteront les partis politiques au prorata de leur représentation à la Chambre des communes. Pour qu’une séance des Communes soit valide, il faut un minimum de 20 députés, dont le président de la Chambre.